La mer, facteur de puissance et de prospérité pour la Tunisie
L’élaboration d’une stratégie maritime nationale, en particulier, dans ce contexte socioéconomique morose marqué par une grande faiblesse de notre croissance économique s’impose.
Cette stratégie à long terme doit être mobilisatrice des tous les acteurs potentiels et réels pour un développement durable et soutenable de ce bien commun qu’est la mer. Avec une façade maritime hautement stratégique d’à peu près 1600km, une quarantaine de ports de pêche, une dizaine de ports de plaisance, une autre dizaine de ports de commerce où transitent la quasi-totalité du commerce extérieurs ; la mer devrait être une source providentielle de puissance stratégique et de développement et de prospérité économique.
Mais, le constat est amer, pendant des dizaines d’années, notre pays a tourné le dos à sa principale source de richesse et continue à le faire. Nos réserves énergétiques, nos plages qui font rêver le monde entier, les ressources halieutiques dont regorgent nos côtes sont actuelle- ment très mal gérés pour ne pas dire abandon- nés faute de vision et d’ambition.
En effet, depuis des décennies aucune stratégie maritime nationale n’est affichée d’une manière ambitieuse et claire. Aujourd’hui, la mer est considérée comme un facteur de risque. Avec le phénomène de la migration clandestine, la mer est devenue le lieu et le symbole du naufrage de la mondialisation et des valeurs humaines. Les centaines de morts qui sont enregistrés chaque mois sont le témoin de cette tragédie humanitaire. Nos zones d’activités économiques sont infiltrées par les pêcheurs des pays voisins. Cette situation ne doit pas continuer et nous devons rompre avec cette passivité voir aveuglement stratégique. La lueur d’espoir est naît en 2019, avec la création d’un mécanisme de coordination et d’une structure pivot : le Secrétariat Général aux Affaires Maritimes (SGAM) dont les missions sont ambitieuses. Une des missions de cette structure est l’élaboration de la stratégie nationale de la mer ainsi que la mise en œuvre des engagements de l’État tunisien dans ce domaine.
Je pense qu’il faut l’afficher haut et fort pour la Tunisie : la mer doit être un facteur de puissance et de prospérité. Suivant les traces du grand stratège américain Alfred Mahan (1840- 1914), père fondateur de la notion de « Sea power » nous devons élaborer une doctrine politique et militaire propre à notre positionnement géostratégique pour faire de notre façade maritime une porte d’entrée à la maritimisation.
Cette doctrine doit prendre en considération notamment plusieurs dimensions :
- Une dimension historique pour valoriser notre héritage ancestral et raviver nos savoir-faire autour des métiers de la mer et renforcer la pratique et la culture de la mer,
- Une dimension géostratégique basée sur une coopération civilo-militaire pour mieux calibrer notre outil naval avec un dessein politique stratégique de grande envergure,
- Une dimension socio-économique, pour que la mer soit un vecteur primordial de notre croissance économique. Cette dimension doit s’articuler autour de secteurs porteurs comme les nouvelles énergies marines, la recherche scientifique, la construction navale, les activités de loisirs et de tourisme, etc.
- Une dimension écologique qui prend en compte les nouveaux défis que vit notre planète et qui respectent les objectifs du développement durable de la planète.
Nabil Smida